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À la suite de la Convention citoyenne sur la fin de vie (entre décembre 2022 et avril 2023), le gouvernement a annoncé travailler sur un projet de loi ouvrant l’accès à une « aide active à mourir », selon des modalités strictes et encadrées. Ce projet de loi suscite de vives réactions chez les défenseurs des soins palliatifs. Entre laisser et faire mourir, la question est ancienne, tout comme les argumentaires mobilisés par les tenants de ces deux positions. Cette thèse explore le militantisme de la mort choisie à partir des discours et des pratiques des membres des associations qui militent dans ce domaine. Elle apporte un éclairage sur ce qui pousse leurs membres à vouloir mourir. Le travail de recherche mené depuis près de sept années mobilise une méthodologie d’enquête plurielle, mêlant entretiens semi-directifs, observations directes et participantes, et questionnaires auprès des adhérents de deux associations : l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et l’association Ultime Liberté. Entre lobbying politique et pratique de « niche » d’assistance au suicide, ces associations prennent des places et des rôles particuliers dans le champ de la fin de vie. Ceux-ci sont structurés, travaillés à la fois par un contexte socio-historique, culturel, politique, et médiatique particulier, mais aussi par les engagements hétérogènes de leurs adhérents. Entre enjeu politique et enjeux personnels, les associations qui défendent une mort choisie pensent et travaillent l’idéologie qui la sous-tend par leurs membres. En mobilisant un terreau idéologique préalable ou des expériences biographiques favorisant l’adhésion, ces personnes, par leur présence et leurs actions dans les antennes locales des associations, confrontent, discutent et produisent leur mort désirée, que celle-ci se situe sur un plan idéologique ou pratique à travers l’accompagnement (clandestin) au suicide. C’est par les expériences que procure l’adhésion à une association qui milite pour la mort choisie qu’en retour, les associations sont en mesure de proposer de nouvelles lectures et ontologies de la fin de vie ou du suicide, émancipées de leurs ancrages biomédicaux.