BOULET Arthur

Adolescent·es trans' : L'encadrement discursif, temporel et matériel des transitions statutaires de sexe à l'orée de l'âge adulte

Cette thèse propose une analyse interactionniste des transitions statutaires de sexe au sortir de l’adolescence, à partir d’une enquête qualitative combinant observations (de consultations médicales, de permanences associatives, etc.), entretiens (avec les jeunes et leur entourage) et analyses documentaires (émissions télévisées, publications sur les réseaux sociaux, etc.). Elle interroge l’encadrement contemporain de ces transitions selon trois dimensions : les discours, les temporalités et les matérialités. Concernant les discours, elle propose d’analyser la diversité des narrations mobilisées par les jeunes et leurs parents en interrogeant le potentiel légitimant ou disqualifiant de ces narrations ainsi que les conceptions du genre et du sexe sur lesquelles elles reposent. Elle interroge également l’intériorisation et la négociation de ces narrations en se penchant sur les pratiques informationnelles des familles au prisme de socialisations multiples (politiques, familiales, professionnelles, etc.). Elle propose enfin d’analyser le façonnage individuel et collectif des subjectivités trans’ par les discours décrits en développant un regard qui tient compte de plusieurs scènes sociales (des scènes introspectives et des scènes performatives en particulier). Concernant l’encadrement temporel des transitions, elle développe sur la mise en forme institutionnelle de celles-ci (en particulier l’enchainement des étapes et le rythme) et tente de dégager les marges de négociation et les stratégies de contournement des jeunes. Elle propose également d’interroger les parcours des jeunes à l’intérieur du genre et de décrire les stratégies d’intégration temporelle des transitions de sexe au regard des styles de masculinité et de féminité. Mais elle interroge aussi les formes de concurrence ou d’articulation temporelles des transitions statutaires adolescentes multiples (en particulier le processus d’autonomisation) et développe sur les déterminants sociaux de ces articulations. Enfin, en insistant sur les matérialités (ressources, corporéités, etc.), elle explore la division et la négociation du travail de transition, à l’échelle familiale et communautaire et questionne en particulier le caractère genré de cette division et ses justifications. Elle interroge aussi les registres médicaux (mais pas seulement) d’intervention sur les corps ainsi que leurs justifications en se penchant sur les routines des professionnels et les négociations de l’organisation hospitalière. Et enfin, elle développe autour de la notion de  »famille choisie » pour saisir la position prise par certains pairs trans’ dans l’organisation du travail de transition, et la manière dont ces pairs sont susceptibles de se constituer en ressource dans les situations familiales conflictuelles. En articulant ces trois dimensions (discursives, temporelles et matérielles), cette thèse entend engager des réflexions autour des perspectives contemporaines sur les parcours trans’ mais également en sociologie des parcours de vie, en sociologie de la jeunesse et en sociologie de la famille.

Ingrid Voléry